1999 – Parution du 2ème recueil de poésie. Sous le voile de Tânit
La Bartavelle – préface de Michel BESNIER.
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4ème de couverture : « Dans les écrits de Loïc Herry passent ces lieux qui le fascinaient : la mer, la Hague sauvage, la Grèce, l’Afrique du Nord, Tahiti… mais aussi son attirance pour d’autres temps : les mythologies grecque et latine, les rites des morts égyptiens – et toujours l’ombre dansante de la femme aimée à qui il a dédié ces poèmes. »
…Préface (extraits)
Il faut beaucoup connaître la poésie, d’hier et d’aujourd’hui, pour écrire comme il le fait, sur un fil, entre le refus du poétique et son acceptation. Les poèmes de Loïc Herry doivent leur tension, leur cambrure, à cet arc où s’affrontent les forces du lyrisme et celles qui pourraient le rendre vain.
…Ce regard impitoyable nous vaut des poèmes abrupts, durs, nus, sans concession pour autrui ni pour soi, mais sans faute, sans titubement dans les ornières du romantisme : la douleur y sait se tenir.
Et sur cet univers crispé, l’amour vient comme une eau qui s’y infiltre, le recouvre, change le paysage et le voyage… La phrase se déploie, devient généreuse, aquiesçante, sans perdre de sa netteté… Il fait agir un texte aimant sur un texte noir, un texte du oui sur un texte du non, une voix sur une voix. Il réécrit en ouvrant, en illuminant, en inversant les signes…
Mais les deux voix de Loïc Herry, celle de la dureté d’être et celle du bonheur d’être, sont la même, reconnaissable à un timbre d’exigence et de grâce : l’une des plus justes, des plus âpres, des plus douces, des plus bouleversantes.
Michel BESNIER
Depuis que Loïc Herry est parti vers ses « royaumes nouveaux », le vif est veuf.
… Entre calligraphie, graphisme et littérature, Loïc Herry voulait tout. Pour aller à l’essentiel. Ecrire à vif, sur le vif, dans le vif… …A nouveau Loïc Herry fait briller les mots d’un nouvel éclat. Brillant, mais acéré comme une lame. Lumineux et dangereux.
Fabrice PICANDÉ – LE PERCHE – 16 mars 2000
Invention à deux voix
De la mort à l’amour, de l’amer à la mer, de la poésie où l’on navigue d’un mot à l’autre, d’une image à une autre où se mêlent les mythologies anciennes, la fascination de l’Egypte et de ses rites mortuaires. Et l’ombre voluptueuse de la femme aimée qui se distille dès le début au gré des mots, puis qui s’affirme, réelle, à la fin du poème. C’est un chant de vie à deux voix où s’entrechoquent la mort, la réalité d’être, nues, abruptes, violentes parfois et l’amour, le bonheur d’être, vivants, sensuels, sauveurs, réconfortants. A lire et à relire plusieurs fois pour découvrir encore d’autres images, d’autres alliages, d’autres allusions étonnantes. Une richesse d’écriture jamais démentie chez ce jeune professeur de lettres originaire du Cotentin….
G.G. – Normandie Magazine, mars 2000
L’insurgé
Dans les mots de Herry, se lit une rare exigence envers la vie, ne souffrant pas la demi-mesure, l’eau tiède… Ce pessimisme révolté mais pas abattu, se retrouve dans ses poèmes. « Quelle certitude ? L’oasis ? Le phare ? / Le récif. » Pas d’illusion donc, mais l’envie d’en découdre, de trouver la beauté là où elle se cache (chez la femme bien sûr) et de lui donner corps aussi par la poésie. Loïc Herry mène son âpre bataille : « Casser les os un à un – trouver les ténèbres / Ou la lumière – le scarabée bleu / Il ne faut différer ni la chute ni l’Envol ». Avec ce courage, cet appétit, sans doute l’amour et la sensualité montrent la voie et peuvent sauver, « user le néant ».
Dominique NÉDELLEC
C R L de Basse-Normandie Livre/échange-N°13 – Juin 2000
Le Poète du déchirant bonheur
Loïc Herry avait ce regard que nous ne savons pas toujours porter sur nous-mêmes et sur la vie. Lucide. C’est-à-dire à la fois dur et tendre, impitoyable et plein d’espoir, discret avec des lumières froides.
Dense et noir, il rejoint parfois le pessimisme viscéral d’un Cioran. Mais quand il se fait aérien, éthéré, quand il tutoie ce qu’il nomme « l’universoleil « , il nous propose d’écarquiller le cœur en toute confiance.
Loïc Herry est celui qui nous blesse et puis nous cicatrise.
MANCHE INFORMATIONS N 33-Revue du Conseil Général – 2000
Le Rimbaud cherbourgeois
Ce jeune auteur, natif de Cherbourg et enseignant dans l’Orne, laisse une production poétique et littéraire étonnante. Certaines existences sont si brèves que les qualités de la personne n’apparaissent qu’après leur mort.
L’écriture a toujours été pour lui un besoin, une nécessité.
Le hasard des nominations l’a emmené dans l’Orne à Alençon, Flers et Mortagne-au-Perche, loin de son Cotentin natal, pourtant toujours présent dans ses créations.
La conscience d’une fugacité de la vie, de sa vie, est fortement présente dans ses œuvres. Le thème du souffle, des poumons, revient régulièrement, bien avant l’annonce de la maladie…
Matthieu Toussaint -LA MANCHE LIBRE 2 juillet 2000
LA VOIX ESSENTIELLE DE LOÏC HERRY
Les éditions de la Bartavelle s’apprêtent à publier une seconde édition du recueil de poèmes Sous le voile de Tânit. Une singulière et forte présence.
Oui voilà de la vraie littérature qui va à l’essentiel, qui affronte ce « goût mortel » et retrouve ainsi le sens de l’amour, du partage… Le sens du bonheur même quand celui-ci n’est pas divertissement mais tout au contraire extrême lucidité devant un destin assumé, devant ce qu’il appelle « l’incessante disparition ».
Il y a chez Loïc Herry, dans son recueil de poèmes une voix, une présence à jamais quand bien même (mais par cela même peut-être) il « nous a quittés », comme on dit si bien, nous laissant un insurmontable regret de ne pas l’avoir connu, voire même approché. Oui, l’histoire retiendra que Loïc est mort à 36 ans, laissant dans le ventre de son ordinateur plein de mots, de sang, de sueur et de caresses…
Mais les poèmes publiés dans Sous le voile de Tânit viennent inscrire aussi cette mort comme un début. « Tout commence par un goût mortel ».
du oui sur un texte du non ».
Et c’est ici que les mots justement ne sont plus texte mais verbe, mais souffle, mais vie… Loïc Herry a su très vite, bien avant cette annonce de sa mort, que « la vie ne tient jamais qu’à un regard » et il a su ciseler ce regard, avec les mots les plus justes, avec une rare exigence.
C’est cette patience, c’est cette passion – au sens premier de ces mots -, qui nous bouleversent alors que Loïc écrit ces mots déchirants – que René Char n’aurait pas reniés : « Il ne faut différer ni la chute, ni l’envol ».
Michel Besnier, magnifique préfacier du recueil de poèmes, écrit fort justement que Loïc « fait agir un texte
La tendresse quant à elle se dévoile dans tous ces beaux portraits de femmes, dont Christel la compagne, [ma] « présente profonde » où l’auteur vient puiser « la voix », devinée dans les beaux textes de la partie 6 du recueil. « Lèvres parfumées. Plis charnus qu’on écarte pour boire à la source de la lumière. Ecoute comme vient du fond du puits épais la voix vivante. Phréatique. » L’exigence amoureuse rejoint finalement, chez Loïc Herry, l’exigence de l’écriture.
Guy ALLIX, « Les Cahiers du Sens », 2001
C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai lu Sous le voile de Tânit et ce Portrait de l’Artiste… Etre passé à côté d’un tel être sans vraiment le lire à l’époque entraîne même, je l’avoue, comme un sentiment de culpabilité.
Nous avons participé à une aventure commune avec les 33 courts où je relis son texte La mémoire est tramée de rumeurs… et cette épitaphe à la chute superbe : « et mon nom détruit sous mon pas ».
Guy ALLIX.- Extrait de lettre de février 2000